Jeudi 15 décembre

Jeudi 15 décembre

Raphaël et Le bon chemin

Un conte écrit et illustré par Stéphane Hamard
Raphaël le reconnu au premier coup d’œil, il l’avait vue à la télé quelques semaines auparavant
quand, avec Martin, il préparait la fête d’Halloween. Ah, ce film d’animation : « L’étrange Noël de
Mister Jack ». Et pour ceux qui ne l’auraient jamais vu ou ne le connaîtraient pas il faut savoir que
Jack Skellington n’est autre qu’un épouvantail squelettique surnommé « le Roi des citrouilles ».
Son histoire dit qu’il vit dans la ville d’Halloween. En tant que maître de l’épouvante, Jack occupe
ses journées à préparer les prochaines fêtes d’Halloween. Mais, lassé de cette vie répétitive et
monotone, il va lui tourner le dos, partir et découvrir la ville de Noël. Une découverte qui va le
subjuguer au point de lui donner l’idée d’organiser le Noël suivant. Mais rien ne se passera comme
il l’entendait. Alors Jack désespéré d’avoir ruiné Noël fera amende honorable. Il demandera pardon
au Père Noël qui s’empressera d’aller sauver ce qui peut l’être.

Mais revenons à nos moutons, car alors qu’il venait de découvrir cette nouvelle page, Raphaël senti
quelque chose lui attraper le bras et le tirer vers l’avant, vers le ventre du bonhomme de neige. Et
« ploups », quand il rouvrit les yeux il se retrouva dans le décor de la ville d’Halloween, croisant
monstres, vampires et sorcières.
- Eh stop ! Qu’est-ce que je fais là ? Demanda-t-il. Mais aucun des personnages présents ne lui
répondit. Juste là au bout de son bras Mister Jack qui l’entraînait à une allure infernale. Non, ça
suffit je veux que ça s’arrête ! Cria-t-il à plein poumon.

Arrêt sur image ! Oui tout, autour de lui, s’arrêta d’un coup. Il restait là dans un décor figé dans le
temps.

- Hello Mister Raph ! Bien sûr il ne pouvait qu’être présent. Raphaël tourna légèrement la tête et il
le trouva assis sur le haut d’une pierre tombale.
- Maître Chritil, pouvez-vous me dire ce que nous faisons ici ?
- Eh bien je crois qu’étant donné que ton problème est lié à Halloween le mieux est que tu y vives,
tout simplement. N’est-ce pas génial ? Toi qui voulais régner sur la fête des morts te voilà servi.
Raphaël restait là, tête basse il ne savait que dire. Comment expliquer que ce n’était pas ce qu’il
désirait au fond de lui. Il aurait bien fait marche arrière de quelques semaines s’il l’avait pu.

Soudain, triste et désabusé il se posa au sol et s’adossa à la pierre tombale dure et froide. Ses yeux
brillaient, ce qui n’échappa pas à Maître Chritil qui en profita pour assener un nouveau coup.
- N’oublie pas une chose mon petit, je sais exactement ce qu’il y a dans ta petite caboche mais je ne
peux prononcer les mots pour toi. Mais je vais tenter de t’aider, rappelle-toi la question que je t’ai
posée la nuit dernière, et enfin ose me donner ta vraie réponse.

Sans lever la tête, les yeux toujours rivés vers un sol sombre et pierreux, Raphaël venait de
comprendre ce que l’on attendait de lui. Et pour dire vrai, il en avait assez de se mentir à lui-même.
- Mais bien sûr que j’aime Noël ! Lâcha-t-il d’une petite voix avant de continuer ainsi : c’est la
colère qui m’a fait dire tout ça et maintenant je ne sais plus quoi faire pour revenir en arrière.
- Youpi ! Enfin nous avançons franchement. C’était un vrai cri de victoire que venait de lancer
Maître Chritil qui debout sur le haut de la pierre tombale s’était mis à sautiller.
- Ouais ben ça va, ne vous moquez pas !
- Mais je ne me moque pas de toi Raphaël, je suis fier de tes progrès. En route, suivons le bon
chemin. Et se disant il entraîna Raphaël à sa suite.

En quelques secondes ils se retrouvèrent, tout comme Jack Skellington à son époque, dans une forêt
et arrivèrent devant un arbre sur le tronc duquel était dessiné un sapin de Noël. Telle une porte la
forme du sapin s’ouvrit et les emporta d’un souffle. La minute d’après Raphaël et son petit ami se
roulaient dans un tapis de neige à l’entrée de la ville de Noël. Le garçon venait enfin de comprendre
qu’il lui fallait ouvrir les yeux, ce qu’il fit…

- Mais, oh non, pas ça !

Raphaël était dans sa chambre, sa couette blanche étalée sur le sol et lui dessus. Un coup d’œil à la
maison lui confirma que Maître Chritil n’était plus réellement là. Il resta un long moment assis le
dos appuyé sur le bord du lit à repenser à ce qu’il venait de vivre. Oui, comme Mister Jack il s’était
enferré dans une fausse certitude et ne savait plus comment faire pour s’en sortir. Alors oui il décide
qu’il ferait comme lui, il reconnaîtrait ses erreurs. Même si pour l’instant il n’avait aucune idée de
la façon de le faire avec ses parents. Mais bon il trouverait bien une solution. Le principal était la
disparition de cette boule au ventre qu’il ne supportait plus. C’est dans cette position inconfortable
qu’il s’endormit cette nuit-là.

Le matin il eut du mal à bouger tant il était perclus de douleurs. Mais bon, la journée allait être
belle, il avait encore deux jours pour profiter de ses amis avant les vacances.
Bien emmitouflé dans son anorak bleu, un bonnet sur la tête, il se rendit à l’école avec Lucille et le
père de celle-ci, échange de bon procédé entre famille. La petite fille était souriante, oui c’était
bizarre à dire mais Raphaël avait la certitude que quelque chose avait changé. Lorsqu’ils arrivèrent
dans la cour de l’école, les trois autres membres du groupe n’étaient pas encore là et il en profita
pour demander à son amie si tout allait bien.
- Oh oui, je suis contente, en fait tout va bien à la maison, papa et maman m’ont expliqué qu’ils
avaient eu des soucis de travail mais que tout était rentré dans l’ordre et c’est vrai que l’ambiance
est totalement différente. Nous avons même parlé de Noël hier au soir.
- Coucou les amis ! Leur conversation venait d’être coupée par l’arrivée tonitruante de Martin et
Lucien suivis de près par Louise. Enfin, l’équipe était réunie et tout allait bien.
- Qui a une idée de ce que nous allons faire aujourd’hui ? Demanda Lucille.
Une question qui entraîna une réponse collective :
- Aucune idée !

Mais déjà la cloche se mettait à sonner et très vite ils rejoignirent la salle de classe. Mais, en y
entrant, quelque chose les interpella. Sur le tableau Madame Leroy avait dessiné d’un côté un
bonhomme de neige et de l’autre un… Parasol… Une fois tout le monde installé et calmé la
professeur prit la parole.

- Bonjour à tous, encore deux petites journées et vous serez en vacances. Allons, encore un petit peu
de concentration s’il vous plaît. Aujourd’hui nous allons parler de différence et comme nous
sommes bientôt à Noël nous allons voir si cela se passe partout de la même façon.
- Madame, pourquoi avez-vous dessiné un parasol ? Une question signée Lucien.
- Selon vous quelle différence faites-vous entre ces deux dessins ? Oui Lucille, je t’écoute.
- D’un côté vous avez représenté l’hiver et de l’autre l’été, enfin je crois.
- Oui tout à fait, et pourtant dans les deux cas j’ai représenté Noël.
- Ben non, l’été ce n’est pas Noël ! S’écria Martin sûr de lui.
- Ah bon, alors dis-moi Martin, si nous sommes le 15 décembre ici, est-ce la même chose en
Nouvelle Zélande par exemple.
- Bah oui quand même, répondit le garçon.
- Bien nous y sommes, regardez, voici une photographie de ce pays à la date du 15 décembre, et que
pouvez-vous remarquer ?
C’était maintenant évident pour tous, les gens étaient en maillot de bain, certains se baignaient et un
soleil éclatant perçait le ciel.
- En Nouvelle-Zélande, Noël n’est jamais accompagné de chutes de neige puisqu’il a lieu en plein
été. De ce fait, leurs traditions de Noël consistent plutôt à manger ensemble autour d’un grand
barbecue garni de fruits de mer et de légumes de saison. Ce qui est particulier, c’est que le hasard a
voulu qu’un arbre, le Pohutukawa, se couvre à cette époque-là de fleurs d’un rouge éclatant, il est
donc utilisé comme arbre de Noël. Les Néo-Zélandais se réunissent dessous et chantent des chants
de Noël.
- Madame, c’est ce qu’on appelle la magie de Noël ! Ces mots venaient de sortir de la bouche de
Raphaël. Une réflexion qui provoqua une sorte de stupeur sur les visages de ses amis qui n’en
revenaient pas d’un tel changement de position.
- Oui Raphaël, il semble que Noël sache imposer sa magie un peu partout et ce quelles qu’en soient
les circonstances. De nos jours, Noël se fête partout dans le monde, que ce soit sous la neige ou sous
un soleil brûlant. Alors aujourd’hui nous allons rechercher et classer les pays en fonction du style de
Noël.

Une activité qui occupa ce petit monde pendant toute la journée. Une bonne occasion pour préparer
les futures leçons sur les climats et la géographie.

Bizarrement, lorsque sonna la fin de la journée de classe, les pieds traînaient pour quitter l’école,
pas toujours facile de se dire que le lendemain soir tout le monde serait en vacances et qu’ils ne se
reverraient qu’une quinzaine de jours plus tard.

Quand il se retrouva seul avec Papy Octave, Raphaël lui demanda s’il lui était déjà arrivé de fêter la
Noël au soleil.
- Oh que oui, cela m’est arrivé et même plusieurs fois.
- Raconte Papy ! Le garçon enthousiaste voulait en savoir plus.
Le grand-père laissa passer quelques instants avant de reprendre la conversation. Il faut dire que se
souvenir de ses bons moments le replongeait automatiquement dans le passé et bien entendu il y
revoyait celle qui avait illuminé sa vie, Mamie Milena. Et pendant de longues minutes il raconta
leurs Noël en Afrique, dans les îles et même à l’autre bout du monde au Japon.
Raphaël était étonné d’apprendre ce passé de grands voyageurs de ses grands-parents.

Bien plus tard c’est avec confiance qu’il se présenta à son rendez-vous quotidien. Il n’avait
vraiment aucune idée de la direction qu’allait prendre « le bon chemin ». Quand il souleva le
nouveau feuillet il se retrouva devant une fidèle reproduction de la maison qu’il avait lui-même
construite à son ami Blench. Stupéfait par cette coïncidence il ne se sentit pas disparaître dans la
fumée environnante...